
Un article sur l’Assainissment Total Par la Communaute (ATPC) par l’Essor, Quotidien national d’information du Mali
Le concept ATPC crée le réflexe d’améliorer soi même les conditions sanitaires et d’observer des règles d’hygiène à un moment critique, comme au sortir des toilettes
Le concept d’assainissement total piloté par les communautés (ATPC) a pris corps dans les années 2000 en Asie puis au Moyen Orient, avant d’être développé dans certains pays du continent africain.
Ce concept se définit comme une éducation à l’hygiène, une approche intégrée visant à amener les communautés à se construire des latrines, sans aucune subvention extérieure, afin de lutter contre la défécation à l’air libre. Cette pratique est très souvent à l’origine de maladies diarrhéiques. Celles-ci sont des facteurs de morbidité et de mortalité chez les jeunes enfants et constituent, selon les statistiques nationales, la 3è cause de consultations (toutes causes confondues) dans les structures de santé.
Pour améliorer le bien-être des populations, l’approche ATPC est développée depuis novembre dernier à Bambadougou, Mangorotou et Komitan (des villages de la commune de Dio-Gare dans le cercle de Kati).
A la suite d’un atelier régional de formation sur l’ATPC tenu à Bamako en 2008 sous la férule de l’Indien Kamal Kar, un expert de l’ATPC, ces villages avaient servi de terrain d’exercice. Il s’agissait simplement de faire constater la problématique de la défécation à l’air libre par les communautés et de les amener à s’engager pour la construction de latrines.
Pour évaluer la mise en œuvre de l’approche ATPC dans les différentes localités concernées, une délégation conduite par Osbert Nicolas de l’Unicef et comprenant Nouhoum Théra de la direction nationale de l’assainissement, du contrôle de pollutions et des nuisances et Bakary de la direction nationale de la santé, a effectué lundi dernier une visite de terrain.
A Bambadougou, les visiteurs ont pu constater de visu, les efforts accomplis par les 37 familles en matière d’assainissement. Ici, les villageois perçoivent bien les risques liés à la défécation à l’air libre. Ils ont ainsi construit de nouvelles latrines, réhabilité des anciennes et observent, depuis, le lavage des mains au savon, à défaut avec de la cendre, au sortir des toilettes. Ce geste banal qui est à la portée de la communauté, est très significatif. Il permet de réduire l’incidence des maladies diarrhéiques qui représentent de gros problèmes de santé publique.
A Mangorotou, les mêmes progrès sont réalisés dans l’observance des mesures d’hygiène par les 16 familles de la localité. Celles-ci, sensibilisées aux risques encourus dans les cas de défécation à l’air libre, ont entrepris d’améliorer leur environnement sanitaire par leurs propres moyens.
Si dans les deux premiers villages, les habitants sont convaincues du bien fondé d’une approche qui permet de se préserver de certaines maladies et de réduire par conséquent les dépenses de santé pour les familles, à Komitan, le tableau est parfois sombre dans certaines familles. Celles-ci n’ont aménagé aucun lieu d’aisance ou n’observent simplement pas les mesures d’hygiène prônées dans l’approche ATPC.
Cette situation a provoqué la colère des sages de Komitan qui l’ont jugée inacceptable. Ils ont promis à la délégation de reprendre la sensibilisation des chefs de familles qui tardent à mettre en application l’ATPC qui débouche sur une amélioration de la conception des latrines.
Autre avantage de l’ATPC : la gestion cohérente des déchets humains mais aussi la préservation des sources d’eau potable du village d’une possible contamination par des eaux souillées par les défécations à l’air libre.
Dans les différentes localités, la délégation a discuté de la question avec les communautés. Osbert Nicolas a expliqué la nécessité d’effectuer une évaluation des engagements pris par les villageois mais surtout de communiquer sur la valeur d’exemple. « Nous venons voir ce que vous avez pu faire en deux mois dans l’ATPC pour le montrer en exemple à d’autres communautés », a-t-il précisé.
Rappelons que l’ATPC vise à créer dans les communautés, le réflexe d’améliorer leurs conditions sanitaires et d’observer des règles d’hygiène à un moment critique, comme au sortir des toilettes. Ce geste simple permet de réduire considérablement les risques car les mains constituent des vecteurs de microbes.
B. DOUMBIA